Nous eûmes l'occasion d'analyser ultérieurement que son fantasme inconscient était de ne pouvoir renaître
(c'est-à-dire recommencer à exister narcissiquement à ses propres yeux) qu'une fois atteint le dénuement
absolu.
Patrick Declerck, Les Naufragés
Roman
Mercure de France
Suzanne, qui vient d’être mise à la porte de son travail à cinquante-deux ans, est désormais assise sur un banc où elle a élu domicile. Submergée de honte, refusant de rentrer chez elle, elle attend la nuit, puis s’installe dans la durée. Son refus de rentrer chez elle, perçu comme un défi, ébranle les fondations de sa propre famille et entraîne des répercussions spectaculaires sur l’ordre de la cité.
Je cours depuis toujours en rentrant du bureau et là je ne bouge pas, je me suis même assise.
Je regarde les oiseaux. Tout le monde peut me voir.
Au lieu de me hâter, je regarde les oiseaux et je ne rentre pas.
Tout le monde peut me voir, assise à regarder les oiseaux qui sautillent, au lieu de me hâter. Après l’averse, debout, à regarder passer l’eau dans le caniveau, et maintenant assise, regardant près du banc les oiseaux qui sautillent, au lieu donc de rentrer, puisque je ne rentre pas, puisque c’est décidé, au lieu de rentrer je suis là.
Parution : Juin 2007
Format : 119 x 186 mm, 124 pages
ISBN : 9 782715227705
CRITIQUES
"Aujourd'hui, avec Suzanne ou le récit de la honte, c'est une sorte de long cri étouffé qui est psalmodié, ressassé, réitéré dans la densité de 124 pages où s'affirme une belle écriture… une véritable écriture."
Jean-Pierre Naugrette, Europe N°945-946
"Étrange et bouleversant premier roman où la misère morale et physique d'une femme, dévorée et détruite par ses phrases répétées, s'épluche, jusqu'à se mettre à nu d'une manière magistralement insupportable."
Joël Schmidt, Réforme
"À l'image de ses précédents Cris, Christina Mirjol couche sur
le papier un cri supplémentaire contre les prédateurs de la modernité, dans un style incisif et percutant. Poignant."
Yonnel Liégeois, NVO
"Coup de cœur : Ce premier livre singulier vous aspire comme un mauvais rêve."
Marie Chaudey, La Vie
"Un récit troublant d'où l'on ne ressort pas indemne."
Maya Coscioli, Librairie Coiffard, Nantes
"Christina Mirjol est l'auteur d'une série de cris ... Avec Suzanne ou le récit de la honte, le cri se prolonge, ce qui oblige l'auteur à aller fouailler un peu plus loin dans les ténèbres de la nature humaine."
Jean-Pierre Han, L'Humanité, Lettres françaises
"Sale époque qui ne préserve ni ses jeunes filles ni ses mères de famille. Longtemps on a préféré croire que les va-nu-pieds n'étaient que de pauvres diables victimes de la fatalité, d'avoir flirté d'un peu trop près avec la marginalité."
Laurence Haloche, Figaro magazine
"Un texte écrit tout en sobriété, au plus près du personnage et de son indicible accablement."
Daniel Martin, Centre France
"Pas de jugement dans cette évocation, aucun parti pris ni de dérive exutoire, juste une
détresse, un tableau magistralement posé."
Pierre, FNAC
"Ce récit est un merveilleux exemple de superbe utilisation des répétitions. Cela devient lancinant, musical et poétique pour laver de cette eau vive comparable à la pluie, la honte. Magnifique métaphore, filée avec délicatesse et beaucoup de pudeur, de la culpabilité ontologique."
Tandarica, Gabrielle Sava, Babélio
"Christina Mirjol a su une fois de plus, me toucher en plein cœur, a su m'émouvoir par le récit de Suzanne et surtout par la manière aussi délicate, aussi poétique que l'auteure la raconte."
Aldamo21, Babélio
LA LIBRAIRIE FRANCOPHONE
13 janvier 2008
Émission d’Emmanuel Kherad
franceinter.fr
AU FIL DES PAGES
1er octobre 2007
Émission d’Élise Fischer
rcf.fr
TOUT ARRIVE
20 septembre 2007
Émission d'Arnaud Laporte
Avec Daniel Martin et Stéphane Grant
franceculture.com
PRIX THYDE MONNIER
2008
"En écho à toutes les voix anonymes que Christina Mirjol fait entendre depuis toujours, cette voix-là nous pénètre, obsédante et cependant aussi ténue, triste et maigre que les pattes d’oiseaux qui sautillent autour de son banc. Elle est sans pathos. Elle égrène, déroutante, le ponctuel comme un personnage de Beckett.
Ce doit être ces pattes maigres d’oiseaux qui grignotent peu à peu la raison de Suzanne, et bientôt la nôtre. Jusqu’à
l’immobilité absolue. Jusqu’au moment où les oiseaux n’hésitent plus à grimper sur la jambe, à sautiller dessus, à arracher, même, quelques poils…
Peut-on mourir de honte ? On peut mourir sur un banc. Sans bruit…
Me croirez-vous ? Près de chez moi, sur un banc semblable à celui-ci, sur une très
charmante petite place plantée d’arbres, près d’une fontaine Wallace où elle remplit son seau, une autre Suzanne a élu domicile depuis des mois.
Je la croise chaque jour. Alors je me suis fait une promesse : quand on aura décerné son prix à Christina Mirjol pour ce roman, pour moi le plus prégnant de la rentrée littéraire, le 5
décembre précisément, quand la pluie aura cessé peut-être, j’irai offrir à cette sœur inconnue, anonyme, le livre de Christina Mirjol.
Car pour moi, la magie de la littérature c’est bien le point de rencontre entre la réalité et la fiction, la pointe aiguë et étincelante du hasard.
Un diamant."
Noëlle Châtelet
Extrait du discours prononcé à l'hôtel Massa, lors de la remise du prix
RADIO
RTBF / PAR OUÏ-DIRE
13 janvier 2014
Nathalie Cornet
Réalisation Pascale Tison et Pierre Devalet
Suzanne ou le récit de la
honte
Interprété par Nathalie Cornet